Mihi... mori lucrum

Le 10 octobre 2020, j’ai finalement parcouru 1000 kilomètres le long la côte atlantique.

Marcher pendant de longues heures sans s'arrêter, manger très peu de nourriture, boire très peu d'eau, juste marcher, s'arrêter de temps en temps pour prendre des photos et ramasser des choses. Cela semblait être une tentative délibérée d'épuiser l'énergie mentale et physique, presque un abus. Cependant, ce n'est que devant la mer que je peux temporairement lever mes doutes et clarifier une fois de plus l'endroit où je me trouve.

C’est en outre comme une sorte d'échange avec la mer, ou plutôt, le coït. Après la tempête et l'épuisement physique, c'est un épanouissement complet de paix et de plaisir qui m'a soulevée doucement, détendant chaque articulation, chaque respiration, me mettant à nouveau dans une cavité vaginale chaude. J'ai vécu une expérience qui ressemble à la satisfaction après l’amour que je fais sans retenue avec un amant.

C'était l'odeur des algues, des mollusques et des crustacés, des cadavres, qui s'infiltrait en moi par le vent et la pluie, se mêlant à ma propre odeur, jusqu'à mon nez, ma gorge, mon cerveau, mon utérus, et finalement dans mon sang comme une marée.

Pendant ces deux années de marche, du nord au sud, j’ai souvent rencontré les cadavres de divers animaux. Des individus silencieux. Et en outre, j’ai trouvé des os sur la plage, après avoir été lavés par la vague et polis par le sable, ils sont devenus très propres. J’aime bien aller à la côte quand il pleure ou après une tempête, généralement, il reste plus de choses sur la plage après une tempête, elle a cessé d’être pour moi une pluie douloureuse et un vent suffocant pour devenir le symbole d’une récolte abondante.


Au début, l’idée provenait de la forme du columbarium, mais lorsque j’ai ouvert les deux pièces du plâtre, et vu ces empreintes, j’ai changé mon idée et je voulais garder cette forme du livre.

Ces os sont à la fois une preuve de vie et une preuve de mort.