Hamadryades

Par rapport à l’humain, je préfère rester avec la nature, ou rester dans un endroit silencieux. Il n’y a pas de besoin de parler, cela me donne de la sécurité. Je me promène souvent dans le cimetière, c’est là où je ramasse les troncs. Alors que je me tiens sur la souche, je me sens devenir une partie d’elle, je suis la partie coupée, la partie qui manque. Elle me nourrit. Et après j’ai apporté les fragments du tronc dans mon atelier, ils deviennent une partie de moi. On change mutuellement nos champs d’existence.

À part les matériaux naturels, je collectionne également des fragments métalliques rouillés, j’ai acheté les grands clous, les scies, les haches, ces outils dangereux. Il y a toujours des traces du temps sur ces objets.

Je cherche la façon de faire coexister deux matériaux contraires. C’est basé sur les défauts des matériaux eux-mêmes, qu’il se remplissent l’un l’autre. Parfois, la combinaison entre les deux matériaux est comme une suppléance, les gestes dans le processus de la création redonnent la vie à ces objets qui sont en état de mort, ainsi je les personnifie, ils jouent dans l’espace. On ne peut pas définir ces objets. Émergent dans ces formes mystérieuses quelques monstres ou autres créatures étranges.

Lorsque je creuse ou scie le bois, j'essaie d’y apporter le moins de changement possible, je veux garder au loin son état originaire et brut le plus possible. Il semble que sans rien faire, tout s’accomplit déjà, il semble qu’il n’y ait rien, il contient pourtant toute les choses. Parfois, on a besoin d’abandonner les façonnages excessifs.

Il y a la composition des objets, la rencontre entre les matériaux différents qui construisent une relation, et puis diluent l’impression de « substance ». Comme mentionnée ci-dessus, j’aime bien les animaux et les végétaux qui sont en l’état de mort, ou qui sont même pourris. La mort, par ailleurs, signifie la disparition, la fin. Mais ici, la mort est présentée dans une tendance à renaître, simultanément, elle s’exprime par le désir de respirer. Pour moi, l'état de mort est plus beau que l'état de vie, il est éternel, sans faux semblant, c’est la vraie beauté. On peux regarder une créature morte pendant longtemps et rien lui dire. Bien qu’ils soient morts, mes gestes les font durer après leur mort.

Dans cette fascination pour les créatures mortes, j’ai découvert une violence que je n’avais jamais perçu auparavant, la violence silencieuse. Toutes les choses ne sont pas douces. C’était aussi la première fois que je m’aperçois que j’ai réellement une puissance, j’ai juste besoin d’une conduite, elle pourra m’aider à chercher la conviction dans l’ombre, et aussi l’inconnu dans la clarté.